vendredi 25 mai 2007

Une maison en Haute-Loire

C'est une maison au détour d'un chemin.
La route qui y mène passe à travers un bois dense.

On y arrive la nuit. Il y a cette brume épaisse et onctueuse que l'on appelle "purée de pois" tout autour. Je n'y vois pas à cinq mètres.

Je reconnais à peine les environs, alors que je connais cette région comme on connaît ses camarades de jeux d'enfance, comme on connaît la maison où l'on passait ses vacances quand on était môme.
Finalement, un détail passe dans le minuscule trait de lumière que les phares percent à travers le nuit et le brouillard. Ce n'est qu'un petit bout de forêt, allié à la courbure de la route. Je sais où je suis.

De Haute Loire


Le bois à côté de la maison absorbe le peu de lumière qui filtre à travers les nuages. Quand on en sort, la maison se détache à peine dans l'obscurité.

On ouvre les portes et on cherche à tâtons comment mettre l'électricité. On craque allumettes sur allumettes et on finit par y arriver.
On allume les lampes.
On branche le frigo, on range les provisions.
Puis on est frappé par le calme.
C'est une maison aux murs épais qui respire la tranquillité.
Les environs sont très silencieux, avec juste les tous petits bruits de la campagne, la nuit.
On se sent un peu comme dans une forteresse, une ferme fortifiée de l'ancien temps. Comme sur un bateau sur la mer-campagne.
J'ai toujours l'impression d'être blotti dans cette maison. Même lorsque je suis dans la grande salle, avec rien à moins d'un mètre autour de moi.
Et puis j'ai l'image de cette maison avec plein de monde dedans. Des amis, des parents, des cousins, des cousines... C'est un peu comme si la maison gardait mémoire de tous ces gens. Comme s'il y avait plein de gens importants pour moi, là bas. Si c'est un bateau, c'est sûrement un peu une arche de Noé.

Comme c'est une maison dans la montagne, il y fait froid, alors on va chercher du bois dans la grange et on fait un feu dans la cheminée, en haut, sur la mezzanine.
Ensuite on cherche des couvertures, des draps et on fait son lit, bien couvert.

De Haute Loire


On s'y endort vite.
On y dort très profondément.

mercredi 23 mai 2007

Instant

Voilà un petit instant attrapé au passage de mon humeur changeante : je suis assis sur chez moi, face à mon écran, et je suis bien.

J'ai eu la journée le plus exécrable qui soit, ma chaise n'est pas très confortable, et l'écran n'est pas non plus un réconfort. Mais je suis bien...

La fenêtre est ouverte, il y a encore un peu de soleil, dehors, et j'entends sans les voir les hirondelles. Au son, elles s'en donnent à cœur joie : leurs cris joyeux laissent deviner leur vitesse. Ce vol rapide et enlevé, les changements de direction si brusques, mais sans à-coup. Je connais peu d'oiseau qui montre autant d'entrain à voler.

Les rapaces volent sans vivacité. Ils cerclent mollement, avec trop de fierté pour se laisser aller à un mouvement rapide. Pour attraper leur proie, ils cessent de voler et lui tombent dessus.

Les moineaux sont vifs, mais la multitude de petits battements d'aile que constitue leur vol donne toujours une impression de maladresse, de précarité.

L'hirondelle, elle, fend le ciel comme un rien, presque sans bouger ses ailes, apparemment sans effort, mais avec une vivacité effrénée, et en criant de joie. Tantôt avec d'autres hirondelles, tantôt seules. Sociable mais indépendante. J'aime bien.

Bref, c'est surtout une journée qui a été lourde qui est terminée. Des idées claires qui retrouvent pied dans ma tête enfumée par les lois de Murphy qui ont émaillé le jour.

Je retourne à mes photos ! (plein de nouvelles photos - pour bientôt- )

dimanche 13 mai 2007

Le torrent d'eau claire (3)

La route n'étant pas trop chargée, la voiture l'avale sans mal.
Une fois la voiture repue, nous étions arrivés.

Le bâtiment se tient là, debout, l'air un peu perdu au milieu du port. Derrière lui, il y a les chantiers navals, sur un côté le mouillage des gros navires, et devant lui le port de plaisance. Il doit se sentir un peu trop grand par rapport aux bateaux qui le regardent par en dessous ; il doit se sentir trop petit et trop massif par rapport aux grues du chantier.
C'est surement pour cette raison qu'il fait semblant d'être un bateau : il s'est entouré d'un bassin d'où il émerge.

Dedans, c'est sombre.
C'est une volière à poissons.
Ils sont juste de l'autre côté des parois de verre. Ils évoluent à portée de main.


Les enfants posent leurs mains sur les vitres pour essayer de les attraper.

Les poissons s'ennuient un peu à tourner en rond en n'ayant rien d'autre à faire que de regarder les humains qui passent de l'autre côté. D'un autre côté, il y a beaucoup plus de sortes d'humains que de sortes de poissons qui passent dans l'aquarium.

Bien sûr, il y a les stars. Les requins, les poissons scie. Ceux qui attirent tous les regards et ne se lassent pas d'exhiber leurs dentitions légendaires.
Il y a aussi la nouvelle coqueluche : le poisson clown. Depuis qu'il a fait du cinéma... Et pourtant, il ne peut pas dire qu'il ait fait grand chose pour le film.
Et les mérous s'emmerdent. Ils regrettent Cousteau.

Il y a, de l'autre côté des vitres, des enfants fatigués. Ils voudraient bien s'assoir, là, au milieu des poissons qui volent autour d'eux. Se rouler avec eux, un moment, sur la plage de sable au fond de l'eau. Enfin, sauf dans l'aquarium aux requins, bien sûr.

Au détour d'un couloir, une tortue. Je suis toujours frappé, à la vue d'une tortue. C'est tellement calme, profond, humble et gracieux. Elle se déplace vite, mais ses mouvements sont lents.
Je pense à Roald Dahl. L'enfant et la tortue. Le Garçon qui parlait aux animaux.

À la sortie, on ne sait plus exactement si c'étaient les poissons qui volaient ou nous qui nagions.
On a presque eu l'impression d'avoir été un invité dans leur univers.
En déambulant le long des murs d'eau, suivant les pas d'un Moïse architecte.

jeudi 10 mai 2007

Le torrent d'eau claire (2)

Il suffit d'un rien...

Une étincelle au cœur, qu'il batte la breloque ou non.
Juste cette volonté de sourire à la face du monde, qui change les choses.

Les gestes du quotidien fait si souvent le regard vide, les idées au ras du sol, se remplissent souvent d'une lumière grise et terne. Celle des néons du super-marché. Clignotante, maladive.

Ce jour là, il y avait un rien. Juste un petit rien. Peut-être la journée écourtée. Peut-être l'envie de rire de la veille qui faisait des ricochets sur le carrelage. Peut-être la couleur bleue-verte du ciel. Allez savoir...

Quoi qu'il en soit, le petit rien était là, et les immenses rayons métalliques, habituellement mangeoires pour consommateurs, se faisaient moins hostiles, moins impersonnels.
Ils nous proposaient de jouer à "lequel tu préfères ?" ou à "Tu penses quoi de ça ?".
Les rayons "alimentations" me parlaient de repas et non de nourriture, pour une fois.
Les rayons "biscuits" parlaient de gourmandise.
Les rayons vestimentaires d'élégance et parfois de choses plus charmantes...

Je ne me rappelle pas des gens, dans le magasin... Peut-être que ce Vendredi soir là, ils avaient tous décidé qu'ils étaient trop fatigués pour aller faire leurs courses et que nous étions seuls dans le magasin, avec juste une caissière qui aurait fait défiler nos achats sur le tapis, à la fin...

Alors que habituellement il pleut toujours sur les jours où je fais mes courses (un crachin détestable et gris), ce jour là avait décidé de me sourire et le soleil passait à travers le faux plafond du super-marché.

mercredi 9 mai 2007

Le torrent d'eau claire (1)

Quelquefois on attend. On attend le lendemain. On attend que ce lendemain termine.
Ce n'est pas de la résignation, pas de l'abattement, pas de l'ennui... C'est juste de l'attente. De l'impatience.

Des fois, on a les mains tellement embarrassées d'attente qu'il faut les occuper, à n'importe quoi, pour tromper l'attente.

Parfois on a envie de parler aux gens que l'on attend, de leur dire combien ça va être long ces heures à les attendre, mais tout doucement, parce qu'il arrive que ces heures soient longues pour eux aussi...

Une fois de temps en temps, l'attente tombe de haut.
Désarçonnée, décrochée, elle bat un peu des bras, étonnée, puis s'écrase avec un bruit mou sur le sol.
On appelle ça une surprise.
Ça donne envie de rire aux éclats. Ça donne envie de serrer dans les bras.
Ça donne envie de se moquer de son attente, tellement vaine, qui bat des bras sur la moquette pour essayer de se relever avec un semblant de dignité.

mercredi 25 avril 2007

Voyage

Il y a eu des trains, des horaires, des billets, des coups de sifflet.

Il y a eu un parc, des animaux, une barbe-à-papa, Roald Dahl, les amours naissantes de Colin et Chloé, des enfants qui jouent, se chamaillent, font connaissance.

Il y a eu de la route très agréable, du Renaud, ma famille, le repas, un spectacle dans la petite salle municipale, avec tous les gens qui se connaissent.

Il y a eu le bureau de vote, avec mon frangin, l'isoloir, l'urne, le "a voté".

Il y a eu de la route encore, un autre bureau de vote, avec un monsieur qui se savait très important, une autre maison, une autre famille, avec des liens très forts et des rires complices aux coins des yeux, des chats, un repas d'attente des résultats du premier tour, un jardin très joli, un hamac, des oiseaux, un petit banc, un air joyeux.

Il y a eu de la route.

Il y a eu la grande ville autour, les gens pressés et ostensiblement préoccupés qui marchent, qui roulent dans les rues ; puis, le soir qui tombe, le pas qui ralentit l'animation joyeuse dans les rues. La lumière des lampadaires, les éclats de voix, la fraicheur des ruelles et la chaleur des pubs.

Il y a eu des filles qui étaient contentes de se retrouver, un pub à l'ambiance tranquille comme je les aime, un groupe de musiciens de tous horizons celtiques, du whisky qui avait un peu un gout de poire.

Il y a eu un peu de route pour le plaisir, la ville qui se retire, la route qui se met à serpenter entre les collines, le col, les prés, les champs, le petit chemin de terre, le coin d'herbe accueillant. Une jolie demoiselle qui dessine, découpe, colle, compose, pendant que le soleil couche doucement les ombres. Elle porte une très jolie jupe qui va très joliment bien avec le très joli haut pour former, avec son visage très doux un très joli ensemble.
Il y a eu un parapentiste qui est venu dans le champ juste à côté, et qui s'est envolé.


Il y a surtout eu de très jolis moment. Des mots que je croyais brisés qui ont glissés quand je m'y attendais le moins, et qui m'ont coupé le souffle, parce qu'ils étaient beaux.
Il y a eu des choses simples et agréables, des choses plus subtiles, presque imperceptibles, mais plus fortes pourtant. Il y a un visage serein qui dort, avec un poing à demi-fermé près de la joue. Il y a un vrai-sourire qui plane sur ces quelques jours de bonheur sain, simple, comme une évidence.

(photos...)

mardi 17 avril 2007

quand l'hypocrisie confine au cynisme


Michael Bloomberg est actuellement maire de la ville de New York.
Il s'est notamment retrouvé confronté à la NRA (National Rifle Association) lorsqu'il a fait mener des investigations sur la vente illégale d'armes par plusieurs armureries dont deux dans l'état de Virginie.

Il avait dit, au sujet de ses opposants, bien avant les évènements sanglants d'hier (16/04/2007) :
"And if they think that this is funny, I don't think that the parents or the spouses or the children of those that get killed with illegal guns would find that very entertaining."

lundi 9 avril 2007

Le petit frisson d'enfance en entrant dans "mon bureau"

Je suis en ce moment en stage dans une grande structure appelée le cyberdome.
C'est un lieu un peu étrange, un peu fourre-tout où j'étais seul jusqu'à il y a peu.

Si vous ne connaissez pas le CNBDI d'Angoulème, il faut imaginer un bâtiment qui contient à la fois un musée (grandes salles, au rez-de-chaussée et à l'étage ; guichets à l'entrée ; gardiens), des écoles (l'ENJMIN et "créadoc" y réside, et deux autres formations y passent), un cinéma (presque tout en haut, un petit cinéma indépendant), un café (tout en haut, à côté de "mon bureau" du moment), une librairie spécialisée dans la BD, un centre de ressources informatiques (il faut bien des gens pour câbler et entretenir tout ça), des salles de conférences et un centre de recherche (c'est là que je suis en ce moment).
Voilà, vous comprenez maintenant pourquoi il faut quelques jours avant de pouvoir s'y retrouver...

C'était le matin, un peu tôt, le premier jour où j'avais la clef de l'endroit où je travaille en ce moment. J'entre vers l'accueil, là où sont vendues les entrées pour le musée. Je dis bonjour au gardien (un type vraiment sympa), je prends la porte ("entrée réservée", la classe), je monte la première volée de marches, je passe devant la porte des salles de l'ENJMIN, je monte la deuxième, troisième, quatrième volée de marches... et j'arrive enfin devant la porte.

Personne dans le café, personne dans les couloirs. Il est un peu tôt pour que tout le monde soit arrivé. J'essaie la porte du cyberdome et elle résiste. La clef bloque un instant dans la serrure puis tourne. J'ouvre la porte et j'entre.

Les lumières sont éteintes, tout baigne dans une semi-obscurité.
La salle fait une quinzaine de mètres de profond et un peu plus de large. Environ cinq mètres de hauteur sous plafond.
Il y a une mezzanine qui court sur deux murs (celui d'en face et celui de gauche en entrant).
Le reste de la pièce est occupé par une grande structure en dôme. Une demi-sphère constituée de huit méridiens et d'un seul parallèle à mi-hauteur. Cette pieuvre fait quand même une belle taille : huit/dix mètres de diamètre, et la même hauteur que la salle.

Tout ça, murs, sol, rideaux, structure, mezzanine est peint en noir, et est à peine visible dans la faible lumière.

Comme cette salle est restée inoccupée pendant assez longtemps, toutes sortes d'objets l'ont peuplée, petit à petit.
Il y a un arbre "art-déco" près de la porte d'entrée ; tout en fer-blanc écrasé et tiges filetées, une merveille... Il y a quatre tables en carré, dix chaises, un rétro-projecteur et un écran, juste sous la demi-sphère, qui font très sérieux. Il y a surtout des tas de cartons, ordinateurs, câbles, palettes, planches de bois, classeurs, documents (et une chaussure)...

Je referme la porte derrière moi, je bascule l'interrupteur sur le mur tout proche, et deux néons s'allument, au dessus. Deux néons, c'est bien trop peu pour cette grande salle : c'est juste un peu de lumière pour aller au placard électrique. Je l'ouvre. Il contient plusieurs boîtiers très impressionnants, pleins de boutons, de disjoncteurs. Les deux en haut, avec quelques mots écrits au dessus, c'est la lumière. Je les enclenche, un, puis l'autre, un peu comme si ça allait donner vie à un Frankenstein enfoui sous le bazar de cartons et de câbles. La salle s'éclaire.

Je me suis senti très important en faisant ça...

Puis j'ai souri de ma bêtise, je me suis trouvé gamin... J'ai monté les marches de la mezzanine jusqu'à mon poste de travail et je me suis mis à trimer.

C'était bien de retrouver un tout petit moment mes yeux d'enfant pour me sentir "fortiche" parce que j'avais ouvert la serrure et allumé la lumière. Le monde était tellement plus vivant quand basculer un interrupteur était une aventure, quand aller au parc municipal était un voyage, quand une bille était un trésor.

dimanche 8 avril 2007

Île et Elle (suite de l'article précédent)

(étrange pour une suite de suivre ce qui la précède, me direz-vous)

Le soleil n'était pas levé, mais le ciel commençait à se teinter de jaune, on a repris la route, en direction de l'île de Ré.
Le pont était là, devant nous, et bientôt sous les roues et sous les phares de la voiture. Il se tenait immobile, enjambant un bout d'océan, avec ses aires d'épine dorsale de dinosaure marin, tapi dans la semi-obscurité de l'aube encore à venir.
Et puis il a été derrière nous ; c'était le dimanche matin, et nous étions sur l'île de Ré.

On a roulé un moment, sur les jolies routes, entre les champs et les vignobles. On a roulé pour aller loin du continent, on a roulé pour voir l'île défiler autour de nous, on a roulé pour sentir l'aube s'annoncer, petit à petit, on a roulé pour rouler, parce qu'on était si bien, là, sur cette île, à rouler.

À un embranchement, on s'est arrêtés. Le paysage était plein de brume, tellement calme, tellement silencieux. On aurait pu croire à un paysage d'Écosse, avec les marais tourbeux alentour, l'herbe dense et d'un vert profond, les murs de pierre noire, les arbres nus et frileux.

Cet endroit m'a fait une impression très étrange.
Il n'y avait pas une âme qui vive en vue, à part quelques ânes assoupis. Il était encore trop tôt pour que quiconque dans le hameau ne soit réveillé. Les oiseaux dormaient encore, eux aussi. Pas un bruit, pas un mouvement. Nous étions deux intrus passés au travers du cadre d'un tableau.
Ce paysage avait quelque chose de "hors du temps", et notre parenthèse loin des heures et loin du monde s'y trouvait vraiment bien, malgré le froid mordant.
Transits, on a finit par retourner à la voiture, chauffage à fond. J'étais gelé mais vraiment heureux. Joyeux, fébrile et extatique : le sentiment de liberté a eu plus d'effet sur moi que le rhum de le veille.


Nous sommes repartis, toujours en nous éloignant du continent, ce qui n'a pas manqué de nous amener au phare des baleines (le bout du bout de l'île).
Là encore, nous étions seuls. Dans un lieu aussi touristique que le phare des baleines, ça avait quelque chose d'irréel.
Le phare émergeait dans la brume du petit matin qui s'était décidé à arriver finalement, mais qui était encore particulièrement frais et timide.

Nous avons contourné le phare, pris un petit chemin de terre, grimpé une butte, et la mer était là.
Bien sûr, on l'avait déjà vue, à la Rochelle, domestiquée, parquée dans le carré des ports, enfermée par les écluses. On l'avait vue en franchissant le pont, soumise, crucifiée par ses piliers et franchie comme de rien par des milliers d'automobilistes qui la regardent de haut. On l'avait vu, aussi, de loin en traversant l'île, aperçue depuis les petites routes, lointaine, distante, abstraite.

Ici, la mer était sauvage et belle.
Sauvage. Laissant voir des hauts-fonds sablonneux ; bordée d'une plage battue par le vent ; surplombée par une courte butte recouverte d'ajoncs et parsemée d'arbres tordus, elle laissait entendre son sourd grondement provenant de toute part. Sûre d'elle, elle ne grondait pas fort : quand on ne craint rien ni personne, on gronde un avertissement, pas une menace.
Belle. Les vagues calmes, clapotantes, roulantes, avec leurs mouvements gracieux, avaient quelque chose d'aguicheur, d'hypnotique. Dans le brouillard glacée, l'eau et le sable se fondaient : les vagues d'eau salée allaient à la rencontre des bancs de sable, vagues immobiles, et venaient en épouser la forme en douceur. Mate du sable humide, brillant du sable mouillé, reflets discrets de l'eau, en dégradé parfait dans la lumière timide du matin brumeux. Le tout dans des beiges, des ocres, des gris et des vert-de-gris.
La beauté profonde, naturelle, sans ostentation ; les mouvements séduisants, élégants ; l'avertissement discret du ressac qui imprègne et que l'on n'entend plus, tellement il est omniprésent... Tout le monde le sait, c'est dans la mer que l'on trouve les sirènes.

La jolie demoiselle est allée tremper ses pieds dans l'eau ce qui leurs a valu des teintes allant du violet au rouge vif en passant par des jaunes orangés. L'océan se rappelait de Février.

Un jeune couple est apparu, pas très loin, sur la plage, en franchissant la même butte que nous avions franchie quelques minutes avant. Que faisaient-ils ici ? Trop tôt pour des touristes. Pas assez préoccupés pour travailler ici. Peut-être étaient ils comme nous, deux transfuges échappés du temps.

Toujours trop peu habillés pour le froid pénétrant et le vent cinglant (nous étions partis par une chaude matinée et nous étions sensés rentrer dans la tiède soirée...) nous avons battu en retraite à la voiture.
Avec l'idée de se réchauffer un peu avec quelque chose qui ressemblerait à un chocolat chaud, nous nous sommes arrêtés à Ars en Ré. Il y avait là quelques habitants fraîchement levés, au hasard des ruelles ; un très joli cimetière dans lequel nous avons trouvé une tombe juive au milieu des tombes catholiques ; des maisons blanches et lisses, typiques de l'île... Mais pas de chocolat chaud.

En désespoir de cause, j'aborde un passant. Quarante-cinq ou cinquante ans, l'air digne de l'habitué du lieu, s'en retournant probablement chez lui après une course matinale. Je me rappelle que je m'étais dit que vu le froid, mon jeune âge et mon air de touriste tombé de la rosée du matin, j'aurais au mieux droit à une vague direction et un sourire d'excuse. Comme quoi, les préjugés...
Ce brave monsieur s'est arrêté, a prit le temps de nous regarder, nous a souri. Il nous a dit qu'on était un peu loin du centre du village, que ce n'était pas facile à trouver, d'ici. Il a hoché les épaules et, en faisant demi-tour, nous a dit qu'il allait nous guider, que de toute façon c'était son chemin (son chemin faisait-il réellement un demi-tour à cet endroit là ? ...).
C'était un peu fou... Nous avions été seuls lorsque nous en avions envie ; pour profiter de la mer et malgré le côté touristique du lieu ; nous avions maintenant besoin d'un guide, il tombait du ciel. J'ai eu un moment le sentiment que si je pensais à quelque chose et que je claquais des doigts, j'avais mes chances que ça se produise...
Il était visiblement heureux de nous faire visiter le village, nous montrant tout (la maison de Lionel Jospin), discutant des prix de l'immobilier (devinez le prix de cette maison), saluant tous les habitants par leur nom, échangeant trois mots avec eux, mais sans s'arrêter. Les gens nous regardaient passer, se demandant sûrement si nous étions ses neveux et fourbissant les potins.

Au détour d'une maison, nous sommes arrivés sur le petit port d'Ars-en-Ré, blotti entre les commerces du village. Le lieu est un curieux mélange de village de campagne endormi et de lieu touristique pour initiés. Le soleil commençait à se montrer, timidement.
Le gentil monsieur tombé du ciel nous a indiqué un café à la décoration étonnante et nous a laissés au seuil, tout simplement, avec un mot gentil.
Il est des gens pour qui j'aimerais avoir la plume de Brassens pour rajouter un couplet à la chanson pour l'auvergnat.

Nous étions les deux seuls clients du café. La décoration était, comme promis, surprenante. Chaque bout de mur ou de plafond était orné d'un objet, insolite, usuel, artistique... Des skis, des crosses de hockey, des statuettes, des photos de stars, pas d'ornithorynque, des plaques de bronze brillantes gravées du nom de quelqu'un, des raquettes, des battes de baseball et pas de raton-laveur non plus...
Le chocolat chaud que l'on a pris avait le goût d'une journée superbe, où l'on a vu, seuls, le jour renaître au dessus de l'océan. Il était d'autant meilleur qu'on avait eu froid. Et les croissants au beurre qui l'accompagnaient avaient ce même goût de plénitude.

Le temps de finir le déjeuner, le soleil s'était fait plus sûr de lui et il semblait vouloir nous prouver qu'il pouvait nous réchauffer au moins aussi efficacement que le chocolat chaud.
Nous avons flâné un moment dans les ruelles (ho, tiens, ce doit être la boutique de l'antiquaire dont nous a parlé tout à l'heure le gentil monsieur), puis en retombant sur l'église (que notre guide improvisé nous avait montrée) on s'y est arrêtés.
Il y a toujours la même ambiance, fraîche et pleine de silence, dans une église. Il y avait dans celle là une très jolie lumière ; à croire que le soleil voulait se faire pardonner son abscence du matin.

En ressortant, nous nous sommes assis un moment, au soleil, sur les marches devant l'église. Le petit matin frileux était loin, maintenant. J'avais le soleil qui caressait mon visage, la tête de la jeune fille sur mes genoux, un bon livre dans une main et l'autre dans ses cheveux. Peut-être que oui, je pouvais penser à quelque chose et l'obtenir en claquant des doigts, mais ça aurait été prendre le risque de la réveiller.

Quand elle s'est réveillée, on s'est dit que ce serait bien de trouver une plage, maintenant qu'il y avait du soleil. On en a trouvé une, un peu plus loin.
Il y avait des rochers, du sable, des algues, des flaques là où la mer était passée à marrée haute. Il y avait un mur qui courait jusqu'au bord de l'eau. On s'est assis là, sous le ciel limpide, sur les rochers, adossés au mur, entre les flaques.
Elle a remis la tête sur mes genoux ; j'ai remis ma main dans ses cheveux. Elle s'est rendormie et j'ai recommencé à lire et à regarder l'océan.
Bon, allez, peut-être qu'elle dort assez profondément... Je voudrais qu'un grand piano à queue apparraisse là, sur la plage et que le temps nous oublie encore une semaine ou deux... *clac*
Bon, ça va, elle ne s'est pas réveillée. J'aurais eu l'air fin...

C'est là que nous avons commencé le chemin du retour. En prenant le temps de s'arrêter sur une autre plage, juste avant le pont. Il y avait beaucoup plus de monde, et des gens qui faisaient du Kitesurf. Puis en s'arrêtant à la Rochelle, le temps de manger un morceau.

Voilà à quoi a ressemblé ce week-end là. Depuis le temps que je raconte, vous avez peut-être oublié ce qu'il aurait dû être. Moi je ne l'ai pas oublié un seul instant. Le genre de bouffée d'oxygène qui vous rappelle pourquoi il faut prendre sa vie à bras le corps. Qui redonne le courage d'affronter le quotidien parce qu'entre les semaines de routine, il peut y avoir des moments de magie ; parce qu'il y a des gens avec qui la routine n'existe pas, justement ; parce que, peut-être, mon vœux ne s'est pas réalisé quand j'ai claqué des doigts seulement parce que c'était le deuxième que je formulais : le premier était autour de moi, juste sous mes doigts.

Ces deux jours (et un peu plus) sont rangés dans la boîte à trésor de mon cœur détraqué.
Si certains peuvent conjurer la pluie en y pensant très fort, il me suffit de penser juste un peu à cette parenthèse pour chasser les nuages qui parfois viennent assombrir mon humeur.

Quand à la jeune fille dont j'esquisse à peine la présence dans ces lignes, n'allez pas croire que c'est parce qu'elle n'était pas très présente. C'est uniquement parce que si j'en parlais davantage, les paysages de l'île de Ré paraîtraient ternes par contraste...
Pour résumer les choses en quelques mots seulement, je pourrais dire que l'on a passé ces deux jours ensemble, vraiment. Je veux dire que parfois on vie "les mêmes choses en même temps" sans pour autant être ensemble. Là, nous avons vraiment partagé ce moment. Peut-être parce que nous avions le même besoin d'escapade, le même besoin de rupture avec un quotidien difficile, la même envie de passer un moment loin, de s'abîmer dans la contemplation de la mer, d'être vivant.

vendredi 6 avril 2007

Dire que ce Week-end là s'annonçait mal...

C'était la fin d'une des semaine les plus pénible qui soit. Avec plein de travail dans une ambiance exécrable, pas assez de temps pour ranger, nettoyer, faire les courses ou manger... Une de ces semaine qui pèsent tellement sur les épaules que l'on a pas le courage de faire quoi que ce soit ; que l'on se dit que l'on aura pas le courage le lendemain pour faire tout ce qu'il y a à faire ; que l'on se dit que le Dimanche ne sera que la veille d'une semaine semblable, exténuante.
Bref, c'était la fin d'une de ces semaine qui enlève la couleur aux choses, qui retire le goût aux aliments, qui étouffe les sons et accentue les bruits ; et le Week-End s'annonçait mal, comme le trop court répit avant que cette même semaine ne recommence, comme elle le faisait si souvent ces temps-ci.

Affalé sur ma chaise, grignotant un bout de quelque chose, je regardais l'écran abrutissant de mon ordinateur sans en attendre grand chose. Enfin, ce n'est pas tout à fait vrai. En fait, j'espérais que cette fille, celle qui dessine dans l'air avec ses doigts, qui peint avec ses mots et qui raconte avec ses crayons se connecterait sur MSN. Je devais une fière chandelle à cette empêcheuse de tourner en rond. Si elle ne m'avais pas montré un peu de lumière colorée au milieu de mon monde gris, terne et triste je me serais probablement transformé en poulpe venimeux, comme mes collègues du moment...

Quelques coups à ma porte...
Je vais ouvrir, éteint.
Elle était là, un peu gelée, très mal à l'aise, l'air de se demander si elle avait le droit d'être là...
Bêtement, j'ai cru que j'avais vraiment perdu les pédales. Que ces dernières semaines m'avaient trop éprouvé et que c'était juste la postière qui était là et qui attendait que je daigne signer son reçu, ou une voisine qui avait besoin de sel...
Non, c'était bien elle.
"Voilà, je vais à la mer, est-ce que tu veux venir avec moi ?"
Oui. Oui, je veux venir à la mer avec toi. Et du fond du cœur, merci.

J'ai dû mettre cinq minutes avant d'être capable de prononcer plus qu'un monosyllabe et dix avant de seulement l'inviter à franchir le seuil...

On est partis, pas si tôt que prévu, le lendemain. On a roulé en écoutant des chansons, en bavardant. Malgré son indécision, le printemps s'était décidé à tendre là haut un ciel bleu, avec juste ce qu'il faut de petits nuages blanc pour nous promettre un temps radieux.

La Rochelle... Je l'aime bien, cette grande dame. C'est une dame déjà d'un âge, mais qui a gardé cette étincelle de jeunesse dans les yeux. Elle aime les soirées où il fait bon, quand les gens sortent se promener un peu tard. Elle aime le jazz, le blues et aussi les chants de marins. C'est une dame qui ouvre ses bras à tout le monde. On s'y sent au chaud, à l'abri ; surtout quand un grain la gronde, un peu grandiloquent et la laisse tout juste rafraîchie, riante sous le soleil qui vient déjà la réchauffer.
Je l'ai connue une année durant. Parcourant ses rues, fréquentant son peuple coloré, savourant sa douceur et goûtant ses rares embruns.
La retrouver après plus d'un an et demi, c'était un peu comme retrouver un vieil ami et se rendre compte qu'il n'a pas changé, qu'il vous ouvre toujours les bras et vous offre son sourire.

La journée est passée si vite ! On a beaucoup flâné, pris des photos, fait les magasins. On a plaisanté, raconté des bêtises et et ri. C'est précieux, ça, rire.
J'ai retrouvé des bouts de souvenirs.

Les librairies m'ont fait penser à ce bonhomme sans le sou, que je croisais tous les matins, faisant timidement la manche, l'air digne, et que je n'ai jamais vu avec autre chose que des livres avec lui. Son seul bien, son trésor.
La partie du port près de l'arrivée du canal. J'ai repensé à la fête où les étudiants avaient jouté sur de petites embarcations instables, avec toute la ville réunie pour l'événement, autour, encourageant les uns, les autres ; et les commentaires lancés des haut-parleurs.
La petite maison près du pont à bascule du port... Elle était squattée, et la police avait donné un préavis d'évacuation des squatters. Du coup, dans toute la ville, des affiches invitaient à venir passer la nuit dans cette maison, ce jour là. Le jour J, il y avait plein de monde dans le squat et l'évacuation s'est faite sans heurt, dans une ambiance joyeuse et festive.
La bibliothèque au loin. On s'y réunissait pour jouer au go le samedi.
Au détour d'une rue, il y avait une laverie. J'y avais rencontré des gars, sans le sou eux aussi, qui erraient à corps perdu et qui fêtaient ce soir là le festin qu'une vieille dame leur avait offert en échange d'un service désintéressé. Pain, saucisson, fromage et même un peu de vin. En leur prêtant mon couteau, j'avais brisé la glace et nous avions passé un moment ensemble, simplement entre humains, amis.

L'après-midi commençait à s'assoupir. On avait acheté un magasine stupide, parce qu'on se sentait en vacances. On a cherché des cartes postales. Il y en avait de l'île de Ré, et on a lentement glissé de "C'est trop dommage qu'on reparte se soir sans y être allé" à "j'aimerais vraiment y aller un de ces jour" et de "je ne pourrai pas revenir ici avant un moment" à "Chiche qu'on y va !"...
De fil en aiguille, on s'est dit que finalement, le monde pouvait bien faire un tour de plus avant de s'apercevoir de notre escapade.
Pour fêter ce grain de folie qui nous offrait une parenthèse à l'abri du temps une journée de plus, nous sommes allés dans un café, commander deux chocolats viennois.
Il commençait à faire froid, alors je suis retourné à la voiture, chercher mon écharpe et un manteau. J'ai croisé les flux de promeneurs du soir.
Les vieilles dames sereine, profitant de l'air marin ; les fêtards, planifiant leur soirée ; les parents, aérant leur couvée ; les amoureux, au chaud dans leur univers, celui qui est dans le creux, entre la main de Elle et la main de Lui.
Quand on est ressorti, la nuit avait tâché le ciel. La lune jouait à ébouriffer les nuages.
On a cherché un cinéma, mais il était trop tard, alors on a cherché un restaurant.

On a flâné un long moment, sous le prétexte de chercher le bon restau. On s'est heurté à un refus pour cause de salle comble et on s'est finalement installés tout près du port, en terrasse, malgré le froid qui s'insinuait doucement.
Après le repas, nous étions congelés.
L'intuition féminine, l'expertise en la matière et l'instinct de survie nous ont menés dans un pub chaleureux à l'ambiance animée et joyeuse. Nous nous sommes installés au comptoir. Elle a pris un baby de whisky, naturellement, et j'ai pris, surpris de trouver ça sur la carte et ignorant que ma curiosité était une bravade, un grog.
Moi qui ne boit presque jamais d'alcool, je n'ai pas été déçu... Ce pub devait servir de refuge à de vieux matelots endurcis ou quelque chose comme ça. Jamais je ne saurai s'il y avait autre chose que du rhum pur, dans ce grog...
Du comptoir aux fauteuils, l'heure a tourné et ils nous a fallu partir. Alors, la démarche un peu légère (assez légère pour être déviée par le vent...) nous sommes retournés à la voiture, où nous avons un peu lu et un peu somnolé, le temps que la nuit passe.

(la suite au prochain article de blog)

(Il y a bien sûr quelques photos)

samedi 24 février 2007

Grandeur et décadence industrielle

Peut-être avez vous déjà entendu parler de l'"Urban Exploring". Il s'agit d'aller explorer des friches industrielles laissées à l'abandon depuis fort longtemps.
C'est pas très raisonnable, pas forcément très légal, probablement imprudent...
Assez souvent les gens qui font ça le font comme un sport ; pour le défi.
Il arrive toutefois qu'un photographe talentueux fasse ça avec l'idée d'attraper un peu de lumière.
Quand l'homme n'a plus droit de citer, la nature reprend sa place, malgré le béton, la ferraille, la saleté.

L'ensemble des galeries :
http://tchorski.morkitu.org/2/3202.htm

et pour ceux qui n'ont pas le temps de fouiller par eux mêmes :
http://tchorski.morkitu.org/2/fea1.htm

vendredi 23 février 2007

Balade à Angoulème

J'avais passé ma journée enfermé dans un box plein d'aboiements (du grognement d'avertissement au couinement plaintif en passant par les jappements soumis...).
J'avais passé ma semaine enfermé dans un projet, de ma chambre à l'école, et de l'école à ma chambre.

J'avais besoin de bouger.
J'ai pris mon appareil photo et je suis parti marcher, au hasard.
J'ai pris la direction d'une partie de la ville que je connais très peu et qui m'éloignait du centre.

Il y avait des jardins joyeux ou baroques, des arbres, des fleurs et du soleil. Sans que je m'en soit douté, les plantes étaient sorties de leur léthargie et bourgeonnaient en silence.
Le soleil avait encore la pâleur de l'hiver, mais les arbres avaient déjà les couleurs du printemps.
Peu d'oiseaux, peu de gens, mais les tiges frissonnantes et les bourgeons timides.

Je me suis éloigné de la zone résidentielle, je me suis rapproché de la zone industrielle. La frontière entre ces deux mondes est matérialisée par la voie de chemin de fer, mais la transition se fait malgré tout petit à petit.
Les maisons sont de moins en moins proprettes, les jardins de plus en plus sauvages.
Alors que les maisons du côté résidentiel étaient toutes assez semblables, avec leurs murs bien blancs, leurs grandes fenêtres impeccables et leurs haies taillées ; du côté de la voie ferrée, les maisons ont une personnalité.

Il y a celle qui est à moitié bâtie et à moitié bricolée. Elle n'a pas beaucoup de fenêtre, mais l'atelier en tôle ondulée semble prévu pour permettre de bricoler dans la cour de la maison en été.

Il y a la maison des petits vieux. Avec ses rideaux hideux d'un blanc passé. Elle est très haute et toute étroite, perchée au dessus de la voie ferrée.

Il y a la maison-potager. Elle me fait penser aux jardins-ouvriers de Saint-Etienne. C'est tout juste une cabane à outils, avec les volets fermés et le toit en piteux état, mais un potager superbe. La maison doit être jalouse des plantes : autant elle est négligée, autant elles sont entretenues...

Il y a bien sûr le bistrot, avec sa pancarte ternie qui annonce le plat du jour. Les vitres sont jaunes et les murs brunis. Ça en fait une maison très unie. J'imagine des camioneurs en pull, une cigarette papier-maïs au bec, en train d'y boire une bière graisseuse. Je passe mon chemin...

Il y a la maison des jeunes gens. Elle est en piteux état. Rien ne bouge à l'intérieur, mais il y a de la buée sur les vitres. Une mobylette rutilante est garée devant la porte.

Et puis il y a la grande oubliée. C'est la doyenne du coin. Une maison sûrement belle, autrefois, mais qui a été rattrapée par la "banlieue". Maintenant à l'abandon, son toit d'ardoises est dégarni. Elle est haute et fière, malgré le poids des ans. Elle a une architecture complètement différente, avec une petite tour au coin.

Après, j'étais dans la zone industrielle. Avec cette lumière polaire des soirs limpides d'hiver. Il n'y avait personne en vue alentour. Pas de bruit non plus (un week-end, à cette heure là...).
Les usines sont comme des monstres endormis, ou des temples désertés.
Un silo immense se profile, un peu plus loin.
Ça m'a fait penser à un site que j'avais vu, une fois.
(J'en parle un peu ici)

Et puis je suis rentré. J'avais mal aux jambes. J'étais bien.

J'ai quelques photos, ici.

jeudi 1 février 2007

Migration

Mon blog était initialement sur hotmail, mais j'ai déménagé pour bénéficier d'un peu plus d'espace et surtout une meilleur organisation.
Tout était groupé, sur hotmail : album photo, blog pour le boulot et blog perso.
Maintenant, tout est séparé :
- blog perso ici : http://petersongash.blogspot.com/
- blog pour le boulot : http://geekingintherain.blogspot.com/
- album photo : http://picasaweb.google.fr/Peterson.Gash