Je suis en ce moment en stage dans une grande structure appelée le cyberdome.
C'est un lieu un peu étrange, un peu fourre-tout où j'étais seul jusqu'à il y a peu.
Si vous ne connaissez pas le CNBDI d'Angoulème, il faut imaginer un bâtiment qui contient à la fois un musée (grandes salles, au rez-de-chaussée et à l'étage ; guichets à l'entrée ; gardiens), des écoles (l'ENJMIN et "créadoc" y réside, et deux autres formations y passent), un cinéma (presque tout en haut, un petit cinéma indépendant), un café (tout en haut, à côté de "mon bureau" du moment), une librairie spécialisée dans la BD, un centre de ressources informatiques (il faut bien des gens pour câbler et entretenir tout ça), des salles de conférences et un centre de recherche (c'est là que je suis en ce moment).
Voilà, vous comprenez maintenant pourquoi il faut quelques jours avant de pouvoir s'y retrouver...
C'était le matin, un peu tôt, le premier jour où j'avais la clef de l'endroit où je travaille en ce moment. J'entre vers l'accueil, là où sont vendues les entrées pour le musée. Je dis bonjour au gardien (un type vraiment sympa), je prends la porte ("entrée réservée", la classe), je monte la première volée de marches, je passe devant la porte des salles de l'ENJMIN, je monte la deuxième, troisième, quatrième volée de marches... et j'arrive enfin devant la porte.
Personne dans le café, personne dans les couloirs. Il est un peu tôt pour que tout le monde soit arrivé. J'essaie la porte du cyberdome et elle résiste. La clef bloque un instant dans la serrure puis tourne. J'ouvre la porte et j'entre.
Les lumières sont éteintes, tout baigne dans une semi-obscurité.
La salle fait une quinzaine de mètres de profond et un peu plus de large. Environ cinq mètres de hauteur sous plafond.
Il y a une mezzanine qui court sur deux murs (celui d'en face et celui de gauche en entrant).
Le reste de la pièce est occupé par une grande structure en dôme. Une demi-sphère constituée de huit méridiens et d'un seul parallèle à mi-hauteur. Cette pieuvre fait quand même une belle taille : huit/dix mètres de diamètre, et la même hauteur que la salle.
Tout ça, murs, sol, rideaux, structure, mezzanine est peint en noir, et est à peine visible dans la faible lumière.
Comme cette salle est restée inoccupée pendant assez longtemps, toutes sortes d'objets l'ont peuplée, petit à petit.
Il y a un arbre "art-déco" près de la porte d'entrée ; tout en fer-blanc écrasé et tiges filetées, une merveille... Il y a quatre tables en carré, dix chaises, un rétro-projecteur et un écran, juste sous la demi-sphère, qui font très sérieux. Il y a surtout des tas de cartons, ordinateurs, câbles, palettes, planches de bois, classeurs, documents (et une chaussure)...
Je referme la porte derrière moi, je bascule l'interrupteur sur le mur tout proche, et deux néons s'allument, au dessus. Deux néons, c'est bien trop peu pour cette grande salle : c'est juste un peu de lumière pour aller au placard électrique. Je l'ouvre. Il contient plusieurs boîtiers très impressionnants, pleins de boutons, de disjoncteurs. Les deux en haut, avec quelques mots écrits au dessus, c'est la lumière. Je les enclenche, un, puis l'autre, un peu comme si ça allait donner vie à un Frankenstein enfoui sous le bazar de cartons et de câbles. La salle s'éclaire.
Je me suis senti très important en faisant ça...
Puis j'ai souri de ma bêtise, je me suis trouvé gamin... J'ai monté les marches de la mezzanine jusqu'à mon poste de travail et je me suis mis à trimer.
C'était bien de retrouver un tout petit moment mes yeux d'enfant pour me sentir "fortiche" parce que j'avais ouvert la serrure et allumé la lumière. Le monde était tellement plus vivant quand basculer un interrupteur était une aventure, quand aller au parc municipal était un voyage, quand une bille était un trésor.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
J'aime bien, surtout la fin.
J'ai entendu l'interrupteur.
Moi ça me faisait ça l'été passé, à mon boulot, j'avais une télécommande pour faire lever tous les stores en même temps, je me sentais terriblement utile et puissante.
Comme quoi...
J'aime toujours les billes...
Bonjour,
me voilà en visite sur ton blog...
A propos de cet article, je ne trouve pas "ça" de la bêtise, il faut garder précieusement ces sensations, ce regard d'enfant...très important pour ne pas devenir un vieux c.o.n.
A bientôt mr le pape.
Au fait, très chouette le titre de ton blog, "journal extime"...
Merci pour vos gentils commentaires !
L'idée du "Journal Extime" n'est pas de moi. Michel Tournier a écrit un bouquin qui s'appelle comme ça. J'avais trouvé l'idée jolie. (heu... Oui, sans avoir lu le bouquin en question... Je sais, c'est mal)
Vive la suprématie de l'humain sur l'interrupteur !
Très joli.. Quel phrasé, vraiment... L'enfance, cette période géniale où l'importance des choses était tellement différente, où on prenait les expressions au pied de la lettre, et où avec nos copains on vivait chaque jour de grandes aventures comme dans la pub pour les Prince de Lu...
Je garde cet état d'esprit, bien présent, tant que je le peux...
Enregistrer un commentaire