vendredi 6 avril 2007

Dire que ce Week-end là s'annonçait mal...

C'était la fin d'une des semaine les plus pénible qui soit. Avec plein de travail dans une ambiance exécrable, pas assez de temps pour ranger, nettoyer, faire les courses ou manger... Une de ces semaine qui pèsent tellement sur les épaules que l'on a pas le courage de faire quoi que ce soit ; que l'on se dit que l'on aura pas le courage le lendemain pour faire tout ce qu'il y a à faire ; que l'on se dit que le Dimanche ne sera que la veille d'une semaine semblable, exténuante.
Bref, c'était la fin d'une de ces semaine qui enlève la couleur aux choses, qui retire le goût aux aliments, qui étouffe les sons et accentue les bruits ; et le Week-End s'annonçait mal, comme le trop court répit avant que cette même semaine ne recommence, comme elle le faisait si souvent ces temps-ci.

Affalé sur ma chaise, grignotant un bout de quelque chose, je regardais l'écran abrutissant de mon ordinateur sans en attendre grand chose. Enfin, ce n'est pas tout à fait vrai. En fait, j'espérais que cette fille, celle qui dessine dans l'air avec ses doigts, qui peint avec ses mots et qui raconte avec ses crayons se connecterait sur MSN. Je devais une fière chandelle à cette empêcheuse de tourner en rond. Si elle ne m'avais pas montré un peu de lumière colorée au milieu de mon monde gris, terne et triste je me serais probablement transformé en poulpe venimeux, comme mes collègues du moment...

Quelques coups à ma porte...
Je vais ouvrir, éteint.
Elle était là, un peu gelée, très mal à l'aise, l'air de se demander si elle avait le droit d'être là...
Bêtement, j'ai cru que j'avais vraiment perdu les pédales. Que ces dernières semaines m'avaient trop éprouvé et que c'était juste la postière qui était là et qui attendait que je daigne signer son reçu, ou une voisine qui avait besoin de sel...
Non, c'était bien elle.
"Voilà, je vais à la mer, est-ce que tu veux venir avec moi ?"
Oui. Oui, je veux venir à la mer avec toi. Et du fond du cœur, merci.

J'ai dû mettre cinq minutes avant d'être capable de prononcer plus qu'un monosyllabe et dix avant de seulement l'inviter à franchir le seuil...

On est partis, pas si tôt que prévu, le lendemain. On a roulé en écoutant des chansons, en bavardant. Malgré son indécision, le printemps s'était décidé à tendre là haut un ciel bleu, avec juste ce qu'il faut de petits nuages blanc pour nous promettre un temps radieux.

La Rochelle... Je l'aime bien, cette grande dame. C'est une dame déjà d'un âge, mais qui a gardé cette étincelle de jeunesse dans les yeux. Elle aime les soirées où il fait bon, quand les gens sortent se promener un peu tard. Elle aime le jazz, le blues et aussi les chants de marins. C'est une dame qui ouvre ses bras à tout le monde. On s'y sent au chaud, à l'abri ; surtout quand un grain la gronde, un peu grandiloquent et la laisse tout juste rafraîchie, riante sous le soleil qui vient déjà la réchauffer.
Je l'ai connue une année durant. Parcourant ses rues, fréquentant son peuple coloré, savourant sa douceur et goûtant ses rares embruns.
La retrouver après plus d'un an et demi, c'était un peu comme retrouver un vieil ami et se rendre compte qu'il n'a pas changé, qu'il vous ouvre toujours les bras et vous offre son sourire.

La journée est passée si vite ! On a beaucoup flâné, pris des photos, fait les magasins. On a plaisanté, raconté des bêtises et et ri. C'est précieux, ça, rire.
J'ai retrouvé des bouts de souvenirs.

Les librairies m'ont fait penser à ce bonhomme sans le sou, que je croisais tous les matins, faisant timidement la manche, l'air digne, et que je n'ai jamais vu avec autre chose que des livres avec lui. Son seul bien, son trésor.
La partie du port près de l'arrivée du canal. J'ai repensé à la fête où les étudiants avaient jouté sur de petites embarcations instables, avec toute la ville réunie pour l'événement, autour, encourageant les uns, les autres ; et les commentaires lancés des haut-parleurs.
La petite maison près du pont à bascule du port... Elle était squattée, et la police avait donné un préavis d'évacuation des squatters. Du coup, dans toute la ville, des affiches invitaient à venir passer la nuit dans cette maison, ce jour là. Le jour J, il y avait plein de monde dans le squat et l'évacuation s'est faite sans heurt, dans une ambiance joyeuse et festive.
La bibliothèque au loin. On s'y réunissait pour jouer au go le samedi.
Au détour d'une rue, il y avait une laverie. J'y avais rencontré des gars, sans le sou eux aussi, qui erraient à corps perdu et qui fêtaient ce soir là le festin qu'une vieille dame leur avait offert en échange d'un service désintéressé. Pain, saucisson, fromage et même un peu de vin. En leur prêtant mon couteau, j'avais brisé la glace et nous avions passé un moment ensemble, simplement entre humains, amis.

L'après-midi commençait à s'assoupir. On avait acheté un magasine stupide, parce qu'on se sentait en vacances. On a cherché des cartes postales. Il y en avait de l'île de Ré, et on a lentement glissé de "C'est trop dommage qu'on reparte se soir sans y être allé" à "j'aimerais vraiment y aller un de ces jour" et de "je ne pourrai pas revenir ici avant un moment" à "Chiche qu'on y va !"...
De fil en aiguille, on s'est dit que finalement, le monde pouvait bien faire un tour de plus avant de s'apercevoir de notre escapade.
Pour fêter ce grain de folie qui nous offrait une parenthèse à l'abri du temps une journée de plus, nous sommes allés dans un café, commander deux chocolats viennois.
Il commençait à faire froid, alors je suis retourné à la voiture, chercher mon écharpe et un manteau. J'ai croisé les flux de promeneurs du soir.
Les vieilles dames sereine, profitant de l'air marin ; les fêtards, planifiant leur soirée ; les parents, aérant leur couvée ; les amoureux, au chaud dans leur univers, celui qui est dans le creux, entre la main de Elle et la main de Lui.
Quand on est ressorti, la nuit avait tâché le ciel. La lune jouait à ébouriffer les nuages.
On a cherché un cinéma, mais il était trop tard, alors on a cherché un restaurant.

On a flâné un long moment, sous le prétexte de chercher le bon restau. On s'est heurté à un refus pour cause de salle comble et on s'est finalement installés tout près du port, en terrasse, malgré le froid qui s'insinuait doucement.
Après le repas, nous étions congelés.
L'intuition féminine, l'expertise en la matière et l'instinct de survie nous ont menés dans un pub chaleureux à l'ambiance animée et joyeuse. Nous nous sommes installés au comptoir. Elle a pris un baby de whisky, naturellement, et j'ai pris, surpris de trouver ça sur la carte et ignorant que ma curiosité était une bravade, un grog.
Moi qui ne boit presque jamais d'alcool, je n'ai pas été déçu... Ce pub devait servir de refuge à de vieux matelots endurcis ou quelque chose comme ça. Jamais je ne saurai s'il y avait autre chose que du rhum pur, dans ce grog...
Du comptoir aux fauteuils, l'heure a tourné et ils nous a fallu partir. Alors, la démarche un peu légère (assez légère pour être déviée par le vent...) nous sommes retournés à la voiture, où nous avons un peu lu et un peu somnolé, le temps que la nuit passe.

(la suite au prochain article de blog)

(Il y a bien sûr quelques photos)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Good for people to know.